Le Zen
Le zen est une branche de bouddhisme mahāyāna qui insiste sur la méditation à partir de la posture assise dite de zazen.
Le mot zen est la romanisation de la prononciation japonaise du caractère 禅 ou 禪, « méditation silencieuse », en jhāna « recueillement parfait ».
Le zen se réfère au chan chinois influencé par le taoïsme et, plus particulièrement, à la posture de méditation de Siddhārtha Gautama lorsqu'il obtint l'éveil sous l'arbre de la Bodhi il y a plus de 2500 ans en Inde.
La légende de l'origine de la tradition zen et de la lignée de ses maîtres remonte à un sermon du Bouddha Shākyamuni à ses disciples alors qu'ils étaient réunis sur le pic des vautours, relaté dans le Sūtra Lankavatara. Pour tenter d'expliquer un point de son enseignement, il se contenta de cueillir silencieusement une fleur d'Udumbara. Aucun des disciples n'aurait compris le message qu'il tentait de faire passer, à l'exception de Mahākāshyapa, qui aurait souri au Bouddha. Celui-ci lui aurait alors dit devant l'assemblée qu'il lui avait ainsi transmis son trésor spirituel le plus précieux. C'est une préfiguration de la description du chan que l’on prêtera à Bodhidharma : « pas d’écrit, un enseignement différent, qui touche directement l’esprit pour révéler la vraie nature de bouddha ».
De l'Inde à la Chine...
Bodhidharma, vingt-huitième patriarche dans la filiation indienne, serait venu en Chine autour de 5208. Les différents textes chinois qui le mentionnent ne s’accordent pas exactement sur son origine (Kanchipuram au sud de l’Inde ou Perse), ni sur sa route (arrivé par l’Ouest ou par un port du Sud-Est). On lui prête un attachement particulier pour le Sūtra Lankāvatāra, et la première école chan constituée est connue sous le nom d'école Lankā.
Une légende attestée à partir du XIe siècle au monastère de Shaolin en attribue la fondation à Bodhidharma, en faisant ainsi l’initiateur des arts martiaux d'Extrême-Orient. Néanmoins, bien qu’il existe au Kerala un type de yoga offrant une certaine similitude extérieure avec le kung-fu, des gymnastiques de type qigong semblent être mentionnées sur des textes chinois datant du ve siècle av. J.-C., et les arts martiaux au mont Song ont précédé Bodhidharma, si tant est qu'il s'y rendît jamais.
De la Chine à la Corée...
Au IXe siècle, le bouddhisme chan (appelé Son en Corée) fut intégré au bouddhisme étatique déjà présent depuis le IVe siècle. Le bouddhisme coréen pratique la prosternation, le chant, la méditation assise. Il utilise des mantras et des gong'an ou kōan (nom japonais).
Le Zen Coréen, trouva sa plus grande expression dans l'Ordre Chogye (plus de 9 000 temples de nos jours), un des plus anciens ordres monastiques bouddhiques toujours présent et très vivant de nos jours. Le nom de Chogye néanmoins ne date que du xive siècle et c’est à cette époque que le Zen coréen adopte le nom de Chogye (ch. Caoxi), qui est le nom de la résidence du sixième patriarche chinois de l’école zen, Caoxi Huineng (viie siècle). L'ordre Chogye n'est que l'appellation de l'héritage monastique des neuf montagnes qui naît aux environs du ive siècle de notre ère et qui, depuis le vie siècle, s'imprégna profondément et définitivement du Chan (Zen) et de sa philosophie et spiritualité.
La Corée influença fortement tous les arts qui furent par la suite affiliés au Zen tel qu'on le connaît et reconnaît aujourd'hui. Notamment les arts esthétiques et les arts martiaux, héritage direct d'une Chine florissante et profondément attachée à la justesse de la voie. L'ordre monastique Chogye puise ses racines dans la plus ancienne tradition Zen, c'est-à-dire l'École Linji (en japonais Rinzai) et en conserve le plus pur héritage, particulièrement dans la transmission orale d'esprit à esprit entre Maîtres et disciples par le moyen des Kong An (Koan en japonais). Le lignage de l'ordre Chogye d'ailleurs descend directement de Linji. Un des grands maîtres coréens, par ailleurs réformateur de celle-ci, fut le Maître Chinul (1158-1210).
Et de la Chine au Japon !
Du vie au XIIIe siècle, le bouddhisme zen fut importé de Chine au Japon, par vagues successives. C'est au XIIIe siècle que le moine Dōgen (道元?) importa le zen Sōtō (曹洞?, en mandarin caodong), et le moine Eisai (栄西?, parfois appelé Yōsai) le zen Rinzai (臨済?, Linji en mandarin) en 1191. Ces deux écoles, comme en Chine à partir des Song, constituent encore aujourd'hui avec l'école obaku le paysage du zen japonais. C'est le zen Rinzai qui va cependant s'imposer, du moins politiquement dans un premier temps, avec la mise en place du système dit des Cinq Montagnes où « Cinq grands temples » (五山, Gozan?) chapeautent tous les autres. En fait il y aura dix temples, cinq à Kyōto et cinq à Kamakura, qui varieront au fil du temps. Le courant zen et la pratique du zazen (méditation assise pratiquée pour atteindre l'éveil) eurent beaucoup de succès au Japon et s'accompagnèrent du développement par les moines de plusieurs arts et techniques, soit directement importés de Chine, soit créés localement en intégrant des éléments du nord de la Chine et de la Corée. On peut citer comme exemple l'usage du thé ou l'esthétique simple et dépouillée. Le zen japonais est aussi fortement influencé par le taoïsme, dont on retrouve certains symboles et notions.
On peut dire approximativement que le zen insiste sur la pratique de zazen (de za assis et zen méditation) et de shikantaza (seulement s'asseoir), aux kōan, apories, paradoxes à visée pédagogique.
Zazen est l'éveil (satori) : la pratique elle-même est réalisation; pratique et éveil sont comme la paume et le dos de la main. Il suffit de s’asseoir immobile et silencieux pour s’harmoniser avec l’illumination du Bouddha. Néanmoins, selon le bouddhisme zen, même l'éveil ne saurait être un but en soi.
Les kōan (école Rinzai) sont des propositions le plus souvent absurdes ou paradoxales que pose le maître et que le disciple doit dissoudre (plutôt que résoudre) dans la vacuité du non-sens, et, par suite, noyer son moi dans une absence de tensions et de volonté, que l'on peut comparer à la surface parfaitement lisse d'un lac reflétant le monde comme un miroir.
Comme toutes les versions sinisées du bouddhisme, le zen appartient à l'ensemble mahāyāna qui affirme que chacun possède en soi ce qu'il faut pour atteindre l'illumination. Certaines écoles (tiantai, huayan) considèrent que chacun et toute chose possèdent de la « Nature de bouddha ». La position zen, plus proche du courant philosophique du yogācāra, considère selon certains que la seule réalité de l'univers est celle de la conscience ; il n'y a donc rien d'autre à découvrir que la vraie nature de sa propre conscience unifiée.
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