Artisanat, Introduction
Tiré de l'oeuvre "L'artisanat du JAPON"
On dit du Japon qu’il est le pays du papier, de la soie et du bois tant l’utilisation de ces trois matériaux a toujours été poussée à un degré absolu de raffinement. Ainsi, le papier participe autant à la « maison de papier » qu’à la calligraphie, à l’ombrelle, l’éventail ou la lanterne.
Le kimono de soie, ancré dans notre imaginaire, appelle immuablement l’image de la geisha. Quant au bois, il évoque instantanément le temple bouddhique, le masque nô ou les poupées kokeshi.
Du plus petit objet quotidien au plus vaste des palais, il est l’ « outil » essentiel de la créativité. Ses éternels compagnons, la laque et le bambou, l’ont toujours épaulé pour forger la culture japonaise. Si le raffinement de la première atteint parfois à l’esthétique pure, la polyvalence du second en fait la plante-ressource par excellence de l’artisanat nippon et la meilleure preuve de l’adaptation de l’homme à la nature. Il faut aussi compter avec la céramique, dont les nombreux fours traditionnels ont hérité de toutes les subtilités fondamentales de Mère Nature, et ne pas oublier que l’âme du samouraï habite le métal trempé de son sabre.
En comparaison avec l’art de l’Occident, amateur de certitudes, l’art du Japon n’est jamais défini dans une forme fixe et immuable. L’éternité du chef-d’œuvre, le goût de la ruine légué par la civilisation gréco-romaine, le dogmatisme des principes et des références n’a pas cour dans l’archipel. Les traités artistiques ne sont pas l’expression de théories esthétiques, mais plus simplement des savoir-faire transmis de génération en génération par des maîtres respectés, eux-ci perpétuant l’enseignement des anciens jusqu’à la perfection pour pouvoir un jour prétendre les égaler ou les dépasser. Les matériaux utilisés sont ceux de l’environnement immédiat : mûrier à papier, bois, bambou, terre, paille de riz, chanvre, soie, minerai de fer. L’artisan ne fait que se plier aux exigences de cette nature si présente ; il en traduit les tourments et l’incroyable générosité.
Les Japonais aiment se définir à travers des « objets idéaux », des fictions codées qui transforment le réel en quelque chose de sacré. Ils ont ainsi en indivision un certain nombre d’objets traditionnels qui sont devenus partout des images symboliques de leur pays. Il en découle une longue tradition de sacralisation et de ritualisation de l’objet qui s’est forgé pendant les deux cent soixante-dix années où le Japon était fermé à toute influence étrangère. Cette culture de l’exigence qui puise le plus souvent ses sources dans le génie de la nature elle-même, dans les préceptes les plus aboutis du confucianisme, du taoïsme, du bouddhisme et du shintô, est aujourd’hui perceptible autant dans les productions rurales les plus utilitaires et dans les ustensiles de la vie quotidienne que dans les créations sophistiquées des maîtres de l’art.
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